La Brigade Infernale

Le mariage est une étape importante, presque incontournable, dans la vie d’une femme. En effet, à moins qu’elle ne soit religieuse, la vieille fille est assez mal vue. Le mariage est donc un évènement majeur dans le parcours d’une vie, et il peut d’ailleurs se présenter plusieurs fois. Les remariages sont fréquents : Soit la différence d’âge fera de la femme une veuve précoce, soit le décès en couche fera du mari, un veuf encore dans la force de l’âge.

A cette période on se marie donc une ou deux fois dans une vie, rarement plus.

Le choix du conjoint :

Il y a peu de mariage d’amour. Le choix est l’affaire du chef de famille, ou tout du moins, il ne peut se faire sans l’assentiment du père. Ainsi des histoires tragiques à la Roméo et Juliette se produisent, entrainant la mort des deux amoureux comme à Tournus en 1808. C’est là un retour aux pratiques de l’Ancien Régime, qui avaient été abandonnées à la Révolution. L’enfant, même majeur, doit prendre conseil auprès de ses parents « au moyen d’un acte respectueux ».

La préparation

Le mariage commence par des fiançailles. C’est l’occasion d’une première fête. Puis vient la conclusion d’un contrat de mariage. Là, deux options sont possible, la communauté de biens et la séparation de biens. On y ajoute parfois des clauses particulières. Auparavant le point de discussion principal était la dot. Celle-ci se payait en plusieurs fois, traditionnellement, chaque année à la saint Michel.

Ce jour est l’occasion pour la fiancée de recevoir un présent de son prétendant. La nature et la valeur sont fonction de la fortune de l’homme : un parfum à la mode ou une paire de sabots…

La cérémonie

Vient enfin le grand jour. Les mariés, les invités, tout le monde revêt ses plus beaux vêtements. Le mari peut être en uniforme ou vêtu d’un habit sombre. La mariée sera coiffée d’un battant-l’œil (coiffure très avancée sur les yeux et les tempes), et d’une robe argentée ou brodée de fleurs.

On officialise le mariage devant monsieur le maire, puis on va à l’église pour la bénédiction du prêtre. Après cela on se rend en cortège jusqu’au lieu du repas de noce. A la ville, dans un restaurant ou chez le traiteur, ou à la campagne, dans une cour ou dans un champ. Le repas est offert par le père de la mariée. Il sera, quelque soit la richesse, pantagruélique, constitué de charcuteries et animé par de la musique. Ensuite la mariée lance sa jarretière puis ouvre le bal.

La place juridique de la femme

Une fois mariée la femme a changé de tutelle. Elle est passée de celle de son père à celle de son époux. Elle demeure une éternelle mineure. Ce mariage lui donne des devoirs mais aucun droit juridique. En effet, elle ne peut rien entreprendre sans l’autorisation de son mari, que cela soit un acte juridique ou le fait même de travailler. L’époux gère les biens de sa femme ainsi que son salaire, si elle en a un, comme bon lui semble. L’égalité des sexes fut évoquée en 1793 mais vite abandonnée (1796). L’article 213 du code civil témoigne de cette inégalité devant la loi : « le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari. ». On retrouve cette inégalité entre les sexes dans le jugement de l’adultère beaucoup plus sévère pour l’épouse que pour le mari. Portalis (un des rédacteurs du code civil) se justifie ainsi : « l’infidélité de la femme suppose plus de corruption et a des effets plus dangereux que celle du mari. ». Ainsi, le même adultère sera passible de trois mois à deux ans d’emprisonnement pour la femme et d’une simple amende pour le mari.

La sexualité dans le couple

La sexualité dans le couple est variable si on évoque les milieux bourgeois ou le monde de la campagne. Les couples bourgeois de la ville feront l’amour la nuit, dans le noir, plutôt en missionnaire. A la campagne, on se découvre plus dans la lumière, la sieste, dans le champ ou dans la grange invite à la partie de plaisir.